lundi 7 mars 2011

Ceux qui cliquent prendront le train

INNOVATION - La SNCF a organisé un débat sur la gare du futur. Où les idées les plus folles ont rencontré les plus simples…

Au 19è siècle, on les appelait les «cathédrales des temps modernes». Les gares d’aujourd’hui ont bien changé. Elles sont devenues de «vraies petites villes intelligentes» explique Dominique Hok, directeur du développement «Smarter Cities» chez IBM France. Mercredi soir, il participait à un débat organisé par Gares et Connexions, cinquième branche de la SNCF, sur «la gare, temple de la technologie».

L’information-voyageurs est bien sûr au centre de cette technologie. Surtout à l’heure du mobile. «Les usagers se sont saisis des outils qui leur ont été proposés en terme d’application mobile, les transporteurs entrent dans cette modernité avec plus de difficulté» explique cependant le sociologue Bruno Marzloff, animateur du groupe Chronos. «Nous avons mené une étude qui montre que 1 à 2% seulement des usagers utilisent des applications mobiles dans leurs déplacements, mais que 65% pensent que cela a de l’avenir. Cela montre l’écart entre l’offre et la demande.»

Des bornes «tag and go» pour charger un billet sur son portable

Pourtant la SNCF entend bien faire de ses clients «des acteurs» de la mobilité, comme l’a réaffirmé Marie-Pierre Meynard, directrice Innovation et recherche au sein du groupe, et continue de développer des outils dans ce sens. Comme l’application «Follow me and personnal unit service». 


Elle proposera bientôt «un trajet alternatif en cas de problème de trafic, et une liste de lieux alentours où le passager peut patienter dans l’attente du retour à la normale.» Des bornes «tag and go» sont aussi envisagées. «Installées en bout de quai, elles permettront aux clients qui n’ont pas eu le temps de prendre un billet de le charger numériquement sur leur portable en le flashant devant la borne.» «Le fil rouge de toute cette technologie, résume Marie-Pierre Meynard, ce doit être la simplicité.»

Le service, ce n’est d’ailleurs pas que de la technologie. «L’aspect social de la gare reste primordial» poursuit la responsable de l’innovation. «Imaginons qu’elle devienne un lieu d’échange de bons plans. A la Gare de Lyon par exemple, les passagers qui arrivent pourraient échanger les bonnes adresses de restos avec ceux qui partent. On pourrait aussi y proposer des cours de langue: 3 heures de cours intensifs avant un déplacement professionnel dans un pays étranger. Ce doit être aussi un lieu de continuité: après avoir surfé sur Internet pendant le voyage, on récupérerait dans la gare des documents imprimés, ou un panier de courses acheté sur le Web.» Et si la gare générait sa propre énergie, grâce par exemple au freinage des trains, voire au mouvement des piétons? Plus fou encore: la faire passer en mode «boîte de nuit», pour permettre aux noctambules d’avoir un lieu de fête en ville…

La gare, futur lieu de «téléportation»?

Et demain? Avec la hausse du trafic, et la surcharge des réseaux, la SNCF comme de nombreux spécialistes, réfléchissent à contenir les déplacements. Bruno Marzloff prône ainsi la notion de «téléportation». «Ce que j’entends par là, c’est le «à distance». Le rythme de croissance du commerce à distance est de 25 à 30% par an, automatiquement cela réduit les déplacements. Derrière se profile le travail. Nous sommes déjà des travailleurs à distance, amenés à devoir travailler depuis chez nous, voire sur notre lieu de vacances… Cette mouvance a besoin de points d’ancrage. Regardez les Mc Do et les Starbucks Café qui en proposant du wi-fi sont devenus de petits centres de travail. Pourquoi ne pas imaginer un télécentre dans chacune des 3.000 gares françaises?» Quitte à devoir jongler avec ce paradoxe: «proposer à des gens de se rendre dans une gare pour ne pas prendre le train…»

Mickaël Bosredon

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